Lancer une entreprise dans le BTP : ce qu’il faut absolument savoir
Découvrez comment lancer une entreprise dans le BTP : étude de marché, choix du statut juridique, obligations fiscales et comptables, et conseils pour réussir votre projet entrepreneurial.
Introduction : Pourquoi lancer une entreprise dans le BTP ?
Passionné par le gros œuvre ou le second œuvre avec la fibre d’entreprendre, c’est surement le bon moment pour vous lancer dans le grand bain de l’entreprenariat. Lorsqu’on souhaite se lancer dans la grande aventure du bâtiment, il faut prendre le temps d’étudier tout le microcosme qui entoure votre projet, le choix du statut juridique, les différentes options fiscales sans oublier les bons partenaires pour vous accompagner dans l’écriture du premier jour de votre nouvelle vie.
Réaliser une étude de marché dans le secteur du BTP en 3 étapes
1. S’informer sur le secteur d’activité
Est-ce que votre activité se dirige vers le domaine de la rénovation énergétique ? Un secteur où les projets et les perspectives d’évolutions du marché sont croissantes
- Qu’existe-t-il déjà sur le marché ? type de produits et services proposées
- Quelle est la part de marché à conquérir ? Quel chiffre d’affaires pourra être réalisé ?
- Est-ce que votre activité génèrent de l’innovation ?
- Est-ce que la saisonnalité a un impact important pour réaliser vos prestations ?
- Analyser la demande des clients
- Quels clients peuvent être intéressés par votre offre ? Où se trouvent-ils ? Renseignez-vous en mairie ou sur le site Bien’ici et avec le bouche-à-oreille bien entendu. Vous pouvez également vous rendre dans des salons dédiés à l’habitat.
- Est-ce que les clients sont satisfaits des concurrents ou pas ? En l’absence de concurrence, les clients peuvent en effet « par défaut » se tourner vers des offres qui ne leur correspondent pas => vous avez donc des parts de marché « à piquer » à vos concurrents en proposant une meilleure offre.
- Passe t’il régulièrement par des architectes pour réaliser leurs travaux ? C’est souvent un allié à contacter avant même de créer votre boite de manière à tisser des liens étroits avec un acteur qui compte autour de votre projet
2. Quand est-il des obligations légales ?
- Quels sont les labels de qualité du métier ? RGE, PG (Professionnel du Gaz), ..
- Quelles sont les normes et réglementations à respecter dans votre secteur d’activité ?
- Quelles sont les aides financières que vous pouvez proposer à vos clients ? Crédit d’impôt, prime énergie, …
3. La concurrence : bien connaitre les entreprises du bâtiment qui vous entourent
- Qui sont vos concurrents ? Où se trouvent-ils ?
- Quelle est la santé de vos concurrents : entreprise florissante ou en difficulté ?
- Quelle sont leurs offres ? Quels sont leurs tarifs ? Quels types de clients ciblent ils ?
Choisir le statut juridique adapté à votre entreprise de BTP
Vous allez exploiter une entreprise dans la bâtiment et il va être essentiel de trouver la solution la plus adéquate. Nous avons souvent l’habitude de dire que ce n’est pas la meilleure solution qui s’offre à vous mais la moins mauvaise. Effectivement selon votre sensibilité, en tant que dirigeant, à la protection sociale, l’arbitrage rémunération / dividendes en encore votre situation au moment de créer votre entrepris, tous ces aspects peuvent faire évoluer la forme juridique de votre société dans un sens comme dans l’autre.
La SARL (Société A Responsabilité Limitée)
La forme juridique qui offre souvent le plus de flexibilité, notamment dans l’optimisation des revenus du travailleur non salarié qui est le régime social privilégié du dirigeant de ce régime. Il vous laisse également la possibilité de déterminer l’évolution de votre activité sans limitation ou plafond de chiffre d’affaires, de choisir le régime liasse fiscale simplifié ou normal selon le chiffre d’affaires retenu mais encore d’opter pour l’assujettissement de TVA sur le régime normal mensuel qui permet deux choses importantes dans le suivi et le pilotage de votre société, primo assurer une réactivité et un suivi régulier de votre comptabilité et secundo assurer un suivi de trésorerie régulier et éviter de cumuler des dettes fiscales annuellement.
Côté juridique, il est important que le risque se porte sur l’apport en capital social que vous ferez au départ sans engager les biens personnels, s’agissant d’une société personne morale. A retenir tout de même que les cautions d’engagements financiers qui seront fait aux travers des organismes bancaires vous engageront à titre personnel à la hauteur de la caution signée ainsi que les cotisations sociales URSSAF du dirigeant qui reste, dans tous les cas, une dette personnelle même si sur le côté pratique, leurs paiements sont honorés par la SARL.
Le choix de la SARL comme statut en tant qu’artisan du secteur de la construction vous permet d’offrir un cadre juridique sécurisant à vos clients. De plus, le capital de départ est moindre, ce qui vous aide à vous lancer même en étant un débutant. La société à responsabilité limitée implique une gestion comptable un peu lourde. Vous devez entre autres prévoir les livres comptables obligatoires et l’établissement de comptes annuels.
L’EIRL
L’EIRL (entreprise Individuelle à responsabilité limitée) vous offre la possibilité d’être le seul gérant et décisionnaire de votre entreprise de bâtiment. Vous bénéficiez ici d’une plus grande liberté que pour une SARL, mais vous devez assumer l’entière responsabilité de l’entreprise. Les formalités de création d’entreprise de BTP avec le statut de l’EIRL sont simples et peu coûteuses. Vous n’avez pas de statuts à rédiger ni de capital social à détenir, vous êtes assujetti à la TVA et vous pouvez aussi en être affranchi.
Vous avez également la possibilité de cumuler l’EIRL et le statut d’auto-entreprise, ce qui représente un grand avantage si votre activité est limitée. L’impôt sur le revenu et l’impôt sur les sociétés sont des options qui s’offrent à vous. L’EIRL est un statut juridique adapté pour sécuriser votre patrimoine personnel puisque vous percevez seul les bénéfices issus de vos travaux.
Vous ne pouvez cependant pas choisir ce statut si vous souhaitez avoir un associé pour gérer votre activité. Les barèmes d’imposition sont également parfois élevés selon vos revenus.
La SAS
Si vous avez pour projet de créer une entreprise de bâtiment avec des associés tout en vous facilitant les tâches administratives, la SAS (société par actions simplifiée) est une bonne option. Ce statut juridique vous évite la mobilisation d’un capital social minimal. Vous n’avez recours à un commissaire aux comptes qu’à partir de certains plafonds de chiffre d’affaires.
Avec votre société par actions simplifiée spécialisée dans le bâtiment, vous êtes soumis à l’impôt sur les sociétés (IS) ou dans certains cas à l’impôt sur le revenu. La responsabilité de vos associés est limitée à leurs apports, mais tous ont une liberté de décision dans la désignation d’un président d’entreprise. Les avantages de cette forme juridique font qu’elle séduit de plus en plus les artisans du bâtiment.
Vous devez toutefois prévoir, comme pour la plupart des sociétés, des frais de création d’entreprise, dont ceux afférents au siège social. Vous vous êtes déjà posé la question suivante : la domiciliation, combien ça coûte ? Elle dépend de vos principaux besoins. Avec SeDomicilier, vous avez l’assurance de trouver de bonnes adresses d’entreprises aux meilleurs tarifs.
La micro-entreprise
En tant qu’artisan du bâtiment, vous pouvez facilement et simplement créer une micro-entreprise. Vous n’avez ni besoin d’un capital social minimum, ni de statuts à rédiger. Vous devez par contre être diplômé du CAP, du Bac professionnel ou du BEP pour exercer. La micro-entreprise est soumise à des plafonds de revenus, soit un seuil de TVA de 36 800 euros et un seuil maximal de 72 600 euros pour les prestations de services.
Les plafonds pour la vente de marchandises s’élèvent à 91 900 euros pour le seuil de TVA et 176 200 euros pour le seuil maximal en micro-entreprise. Les charges sociales sont calculées sur votre chiffre d’affaires, soit 12,3 % pour la vente de marchandises et 24,6 % pour les prestations de services. Les obligations comptables sont limitées à la tenue d’un livre de recettes sur papier ou un fichier Excel. Si vous ne générez aucun chiffre d’affaires, vous n’avez pas de cotisations sociales à payer.
Le choix d’un statut juridique pour votre entreprise du bâtiment n’est pas une tâche aisée. Vous devez avant tout bien penser à votre projet de création d’entreprise. Par ailleurs, puisque rien n’est figé, vous pouvez changer à tout moment le statut en fonction de l’évolution de votre entreprise.
Se conformer aux réglementations et obtenir les qualifications nécessaires
Préparer un plan de financement solide pour démarrer
Une fois l’étude de marché pensé et mis noir sur blanc, il est de réfléchir rentabilité, capacité d’autofinancement, besoin en fonds de roulement et trésorerie disponible. Tous ces aspects seront à rédiger en partenariat avec un organisme spécialisé dans l’accompagnement de la création d’entreprise, comme les BGE présent dans tous les départements de France, mais également en contactant un expert-comptable qui sera un allié de poids pour consolider votre business plan, le choix de la forme juridique et l’obtention du financement souhaité.
Mettre en place une gestion rigoureuse des devis et factures
Pour mettre en place une gestion rigoureuse de vos devis et factures, il est recommandé de suivre ces étapes :
1. Utiliser un logiciel de facturation professionnel comme Tiime par exemple qui :
• Propose des modèles conformes à la législation française 2025
• Facilite la gestion administrative avec des graphiques personnalisables
• Permet un suivi automatisé avec exports comptables et rapprochements bancaires
2. Structurer votre processus avec :
• Une numérotation chronologique des documents (exemple : FAC2024-001, DEV2024-001)
• Des modèles incluant toutes les mentions légales obligatoires (n° SIRET, TVA, CGV, délais de paiement)
• Un système de classement clair par client, date et statut (devis en cours/acceptés, factures payées/impayées)
3. Mettre en place un suivi rigoureux :
• Des relances clients automatisées à J+15, J+30 et J+45 après émission
• Un contrôle hebdomadaire des paiements avec tableau de suivi
• Une mise à jour systématique des informations client et des conditions commerciales
Il sera nécessaire d’échanger avec votre expert-comptable afin d’avoir davantage de précisions au quotidien.
Recruter et former votre équipe
Je vous propose une approche concrète pour recruter et former votre équipe avec succès :
1. Pour le recrutement :
– Définissez clairement qui vous cherchez (ex: un commercial avec 2-3 ans d’exp)
– Rédigez des fiches de poste qui donnent envie (missions, avantages…)
– Pendant les entretiens, demandez des exemples concrets de réussites
– Appelez 2-3 anciens managers pour avoir leur retour
– Pensez à mixer les profils (juniors/seniors, créatifs/organisés…)
2. Pour la formation et l’intégration :
– Prévoyez une réunion de kick-off pour partager votre vision
– Créez un groupe WhatsApp ou Slack pour communiquer facilement
– Faites un planning clair de qui fait quoi
– Programmez des formations pratiques (en interne ou externe)
3. Pour le suivi :
– Faites un point individuel chaque mois
– Anticipez les montées en compétences
– Proposez des formations selon les besoins
– Adaptez l’organisation si besoin selon les retours terrain
Nous pouvons en discuter plus en détail autour d’un café quand vous le souhaitez chez PEPIT 🙂
Les obligations comptables et fiscales dans le BTP
Ce secteur demande un suivi très rigoureux pour bénéficier des nombreux avantages qu’offre l’activité
1. Adhésions obligatoires :
– Inscription obligatoire à la Caisse des congés payés du BTP (CIBTP) dès l’embauche du premier salarié, avec un délai maximum de 8 jours
– Affiliation à PRO BTP pour la couverture prévoyance et mutuelle obligatoire de vos salariés, incluant les garanties minimales conventionnelles
2. Spécificités TVA :
– Application de l’autoliquidation de la TVA pour les travaux de sous-traitance (article 283-2 nonies du CGI)
– Mentions obligatoires sur les factures : numéro SIRET, assurance décennale, garanties, conditions de paiement, pénalités de retard
– Obligation d’appliquer le taux de TVA approprié : 20% taux normal, 10% pour les travaux de rénovation, 5,5% pour les travaux d’amélioration énergétique
3. Obligations comptables :
– Tenue quotidienne d’une comptabilité détaillée (journal des achats, des ventes, livre de paie)
– Conservation des justificatifs pendant 10 ans (factures, contrats, devis signés, situations de travaux)
– Établissement des comptes annuels : bilan, compte de résultat et annexes
– Suivi détaillé des chantiers avec tableaux de bord par affaire
– Obligation de tenir un suivi des heures effectuées par chantier
4. Déclarations fiscales :
– Déclaration de TVA mensuelle (si CA > 789 000 €) ou trimestrielle (si CA < 789 000 €)
– Déclaration annuelle de résultat (2031 pour l’IR ou 2065 pour l’IS) avant le 2ème jour ouvré suivant le 1er mai
– Pour les sociétés soumises à l’IS : déclaration 2065 et paiement des acomptes trimestriels aux dates du 15 mars, 15 juin, 15 septembre et 15 décembre
– Contribution économique territoriale (CET) à déclarer avant le 2ème jour ouvré suivant le 1er mai
5. Obligations sociales :
– Déclarations mensuelles des salaires à la CIBTP et paiement des cotisations avant le 15 du mois suivant
– Mise en place obligatoire des contrats de prévoyance et mutuelle PRO BTP pour tous les salariés dès le premier jour d’embauche
– Obligation de formation continue pour les salariés (minimum légal de 30 heures par an)
– Respect des conventions collectives du bâtiment applicables selon l’effectif
Pour plus de précisions, n’hésitez pas à contacter nos spécialistes : https://www.pepit.eu/
Les pièges à éviter dans le lancement d’une entreprise BTP
Plusieurs points d’attention sont à porter lorsqu’on lance sa première boite BTP et nous allons détailler ici les principaux :
1. Sur le plan financier :
– Prévoir un fonds de roulement suffisant
– Ne pas engager toutes vos ressources sans réserve
– Établir un modèle économique viable avant d’optimiser la fiscalité
Pour ces points, il va être important de consulter nos spécialistes à travers l’analyse d’un budget prévisionnel.
2. Sur le plan réglementaire :
– Obtenir les qualifications et certifications nécessaires (Diplôme ou expérience de plus de 3 ans dans le domaine requis)
– Souscrire les assurances obligatoires surtout en terme de décennale
– Respecter les normes du secteur
– Se conformer à la réglementation sur les déchets
3. Sur le plan commercial :
– Rédiger des devis détaillés et précis
– Utiliser un logiciel de facturation adapté
– Prévoir un SAV dès le démarrage
– Bien informer les clients sur leurs droits
4. Sur le plan organisationnel :
– Savoir déléguer
– S’entourer de professionnels compétents
– Bien connaître le secteur
– Maîtriser les outils techniques
5. Compétences clés à développer :
– Connaissance du marché
– Maîtrise des normes
– Gestion prévisionnelle
– Maîtrise des devis et factures
Conclusion : Réussir le lancement de votre entreprise dans le BTP
En résumé, on constate que beaucoup d’informations sont à retenir lorsqu’on se lance dans le grand bain de la création d’entreprise mais si on peut s’arrêter sur les points névralgiques, on peut reprendre ceux-ci :
– L’évolution de votre CA mois par mois et les nouveaux contrats signés
– La marge réelle dégagée sur chaque chantier terminé
– La stabilité et les compétences de vos équipes sur le terrain
– Les retours clients et les recommandations qu’ils font autour d’eux
– Votre situation de trésorerie (délais de paiement, factures en cours…)
– Les accords négociés avec vos fournisseurs (tarifs, délais…)
– L’état de votre parc matériel et les investissements à prévoir
Pour finir, un élément important lorsque vous vous questionnez sur la mise en place de votre projet et d’échanger avec les organes gravitant autour du projet dès les premières réflexions afin d’étudier la forme juridique, l’objet social de votre société et les options fiscales qui vont en découler.